jeudi 19 juillet 2012

Les Hautes-Terres du Guaté, en six capitales, ou plus.

Coban est toujours dans les brumes.
Allo allo ! Cette fois-ci, point d'absence multi-mensuelle. Comme promis, je vous raconte la suite de ce périple guatémaltèque.


Donc, cet été ma saison de fouille qui dure typiquement plus de deux mois, a été beaucoup plus courte qu'à l'habitude, ne durant que trois semaines. Conséquement, j'avais un gros mois de libre, représentant mes première vacances dans le monde Maya depuis un bon moment. Et j'en ai profité allègrement.

Coban est reconnue pour ses fleurs, et ce, pour les bonnes raisons.  Celle-ci fut ma deuxième fleur préférée dans la ville.
La première moitié de mon voyage, consacrée aux hautes-terres, a commencé à Coban, capitale de l'Alta Vérapaz. Je connaissais déjà bien la ville pour y être passé deux fois, mais j'avais l'ardent désir d'y faire un court séjour, me permettant de faire une halte en route vers Guatémala City. Ce que je ne savais pas, c'est que le même weekend où j'y passais, il y avait le "fameux" marathon de Coban. En d'autres mots, l'endroit était plein, pas d'hôtel sympa, et beaucoup de trafic. Nez-en-moins, j'ai réussi à profiter de l'endroit qui est reconnu pour ses nuages, son chocolat (magnifique), ses orchidées et autres fleurs, sa gastronomie, et son air frais.


Le parc central de la ville de Guatémala. Pas pittoresque, mais pas laid non-plus.


Puis s'en est suivi Guatémala Ciudad, Guaté pour les intimes, qui m'a accueilli bras ouverts dans son smog et ses rues crasseuses. Ceci étant dit, cette ville crainte par beaucoup (et pour de bonnes raisons) renferme plusieurs bijoux. Entre autres, elle abrite de nombreux musées incroyables, de l'architecture très sympa, et des contrastes culturels étonnants. En effet, s'y côtoient indiens Maya de diverses origines (surtout Qeq'chi, K'iche, et K'akchiqel), tous pauvres ou presque, ainsi que ladinos, ou métis, de tout acabit: riches, moins riches, et pauvres bougres. Il n'est pas difficile de constater ces contrastes, comme en témoigne ce cliché ci-bas.

J'ai bien profité de mes quelques jours à Guaté, où je serai installé quelques mois par été les années à venir, étant donné que le laboratoire du projet La Corona y est établi.


Un monsieur bcbg, et un monsieur qui fait marcher ses chèvres. Deux mondes parallèles qui se croisent au gré des rues.
Fuyant l'épaisse fumée noire éjectée par les zotobus rouges diesel, je me suis dirigé vers la ville tranquille de Xelaju, ou Quetzaltenango. Nichée à 2,330 m d'altitude, elle est frisquounette, mais très jolie, bien culturelle, et située à proximité de plusieurs destinations captivantes.

J'y ai trouvé un hostel doté d'une cuisine, me permettant de m'adonner à mon passe-temps de voyage préféré: aller aux marchés locaux, acheter du manger, revenir chez moi, cuisiner le manger, et finalement, manger le manger.

La cathédrale de Xela, capitale de l'état de Quetzaltenango, est très jolie, surtout baignée dans le couché de soleil. On aperçoit à droite l'entrée du marché centrale où j'achetais une bonne partie de mes vivres.
Ma première excursion fut au site de Abaj Takalik, ou Takalik Abaj (dépendant de l'archéologue, et on s'en fout de toute façon), qui se trouve à deux heures de route, et 2000 m plus bas, dans le piedmont pacifique. Le site est magistral. Préclassique, il représente une belle transition d'Olmèque à Maya, et regorge d'architecture et de sculptures incroyables. La transition climatique, des nuages aux jungles tropicales, est foudroyante.

Une petite pyramide cernée de monuments sculptés. À droite, un sauna, ou puj, une partie cruciale des civilisations mésoaméricaines.
Une seconde escapade fut vers les Fuentes Georginas (les Sources de Georgette), une merveille de la nature sous forme de bains géothermiques sulfureux qui puent pas, et qui te remettent sul piton.

À plus de 2500 m d'altitude, on peut apercevoir les lointains volcans qui peuplent les hautes-terres du Guatémala comme les nids-de-poules les rues de Montréal.
La route vers ces sources chaudes-chaudes est vraiment à couper le souffle. Et t'emmène, via le joli village de Zunil, via les champs de carottes et de choux, via les nuages, dans un endroit unique.

Les voilà les bains sulfureux. Remarquez l'absence de gens dans le bain qui abrite la source en question.
Et me voilà, grand fou, à me baigner dans une eau à genre 60 degré dans le bain d'où émarge la source. C'est chaud en bâtard. Ça m'a pris une demie heure à me convaincre d'y aller, et j'y étais... tout seul. Deux Guatémaltèques et un Israélien m'y on suivi, mais pas les 12 fois. Après une minute, tu sors.
Après Xela, ce fut le tour de Chichicastenango, hôte du marché le plus renommé du Guatémala, et ce n'est pas peu dire. Cette ville située au coeur du pays K'iché est très tranquille (sauf par jour de marché), pas touristique, offre des vues fantastiques, et fut bien reçu par mon âme en quête de moments de tranquillité non-touristique.


Vue de mon hôtel, pas si mal.
Pascual Abaj. Une stèle maya ancienne transformée en autel maya contemporain situé en périphérie de la ville.
Un cimetière bariolé, vu depuis Pascual Abaj.
Mes expériences de photo de nuit. Il faisait noir-noir pur de vrai. Juré.
Depuis Chichicastenango, j'ai pris un bus sur les routes étroites serpentant sur le flan des montagnes jusqu'à K'umark'aj, la dernière capitale des rois K'iche. Cette petite cité fut conquise par nul autre que Pedro de Alvarado, le grand conquistador blond qui a semé la terreur et la zizanie dans cette région du monde au milieu du 16e siècle.

K'umark'aj vaut le détour. Aujourd'hui, les K'iche y font des cérémonies tous les jours, tel le couple à droite dans la photo.
Mon périple dans cette région du Guatémala s'est terminé à Antigua, première capitale du Guatémala, détruite deux fois par les forces de la nature, et aujourd'hui capitale touristique de l'Amérique Centrale. J'y ai passé quatre jours de repos délicieux. Là, j'ai rencontré un couple anglais, Charlie et Tom, avec qui j'allais voyager pour un bon moment. De là, je suis redescendu vers Florés, où j'allais rencontrer les membres de mon ancien projet de fouilles Belizéen, SARP, et faire la fête, un peu.

En route vers Antigua, je me suis arrêté deux heures à Tecpan, pour aller visiter la dernière capitale des K'akchikel, qui ont subis le même sort que celui des K'iche, aux mains du même général conquistador.
 La semaine prochaine: Basses-Terres, site perdus, grottes secrètes, et réveil en sursaut. Et beaucoup moins de capitales.

dimanche 8 juillet 2012

Guatémala, parte ouane.

Le lac Petén-Itza. Vu depuis le sommet du site Tayasal, le siège du dernier royaume Maya conquis pas les Espagnols, en 1697.


Le 3 avril. C’est la date de ma dernière entrée sur ce blog… Je vous présente mes plus sincères excuses pour cette vacance prolongée. Elle a débutée en rush scolaire du tonnerre de Dieu, entrecoupée de conférence au Tennessee, de déménagement, et de… 2 mois au Guatémala. Dans les 3 prochaines entrées je m’en va vous narrer-ça moi, le Guatémala. Aujourd’hui c’est le mois de fouille, et ensuite, les Hautes-Terres, pis finalement, les Basses-Terres. Mais la vraie question c’est: Heye toé, t’es tu prêt pour ça?
 
L'entrée a la Plaza principale de La Corona; les collines de chaque côté, c'est même pas des collines.
 Toute cette longue histoire-là débute à Florés, sur le Lac Petén-Itza. Moi et Evan on a fini d'écrire nos essais le 5 mai a minuit, pis à 4 heures le matin on était à l'arroport, pis à midi à Belize City, et finalement à Florés à 3pm. Mettons que la transition entre déménagement-monde, travail-monde, rush-monde, et petite île tropicale tranquiloue, a été plus qu'appréciée. On a donc décompressé 2 jours là, et le 3e jour, ce fut direction creux en titi dans jungle, en compagnie de Marcello (mon supervieur), Evan et David. 

Edoardo, un ami et archéologue guatémaltèque, et moi-même, dans un tunnel de fouilles.


 Nous ont accueillis une dizaine autres archéologues, 57 travailleurs, et beaucoup d'arbres. Le projet La Corona est définitivement la plus grosse entreprise archéologiques à laquelle j'ai été associé. Pour vous donner une idée de l'ampleur des travaux, à La Corona y'a quelques trous de 5m de profond, comme dans la photo sïba, et aussi un système de tunnel (photo sïho) d'exploration qui commence à la base d'un puits de 3m, et qui expose tranquillement un palais du Classique Récent (ca. 500 AD).

La fouille d'un enterrement d'un vieux Maya mouru. Au fond d'un gros trou.

Cette année, le projet La Corona a fait une grosse découverte. Un escalier hiéroglyphique qui comporte le plus long texte maya ancien jamais trouvé au pays, plus la seconde mention sur un monument maya de la date 13.0.0.0.0, qui correspond a la fin du Baktun 13, ainsi qu'au.... ..... ....21 décembre 2012. Le plus rigolo c'est que l'autre site qui a livré cette date, Tortuguero, au Tabasco, Mexique, a été complètement bulldozzé (ben non c'est même pas drôle). Conséquement, La Corona est le seul site encore debout à avoir révélé cette date mystique et ô combien évocatrice à l'imaginaire des gens dits de la race des New Age. En d'autres termes, la grosse craque dans la couche terrestre qui va déclencher une chaîne d'éruptions volcaniques névralgiques qui vont faire monter le niveau des océans qui va engloutir soudainement tous les continent va commencer de mon nouveau site de fouille. Ça te tentes-tu d'aller passer tes vacances de Noël là?

Sous la supervision d'Analy, je scie énergiquement la partie du bloc des 56 glyphes comportant la section avec 2012.
Sans blague, c'est une top-découverte digne d'un reportage avec un monsieur à pit-helmet comme animateur. Si ça t'intéresses, regarde ce vidéo sur les fouilles de l'escalier. Il s'agit d'une chance unique de me voir me gratter les piqures de criss de moustiques pendant les 4 dernières secondes du clip. Et y'a tout plein d'information sur la découverte ici, ou encore beaucoup, beaucoup plus ici.


L'escalier en question. Chaque bloc est taillé magnifiquement. 


 En cartographiant La Cariba, on trouve des animaux. Un Guacamaya dans son nid, et un boa dans mes mains.


Sur une note moins vibrante, de mon côté, avec David et Evan un peu itout, on a cartographié un site périphérique du nom de La Cariba. L'endroit est magnifique, mais densément peuplé d'une espèce d'arbre qui s'appelle Chaya, et dont les feuilles sont, de façon fort peu sympathique, dotées d'un duvet empoisonné qui pique en boud'viarge, et d'un arbre-liane nommé Bayal, qui est une forêt miniature de piquant qui ressemblent redoutablement à des aiguilles à coudre. Ceci dit, on a coupé beaucoup de p'tits arbres, et on connait désormais le site comme le fond de ta poche*. Ce fut très agréable, et très très intéressant.


*C'est juste une façon de parler. Je sais pas c'est quoi qu'y'a dans ta poche, aies pas peur.
David qui se tient à côté d'un monticule très bas reconnaissabe par les alignements de pierres taillées. C'est pas toujours si facile d'identifier des monticules qui peuvent faire de 20 à 30 cm de hauteur.

Une fois cela terminé, j'ai été assigné à l'illustration de l'architecture de 3 immenses unités de fouilles, chacune avec de l'architecture incroyable... Et ma dernière tâche fut d'aider à superviser le retrait des pierres de l'escalier hiéroglyphique, leur emballage, ainsi que le shipping en nélicoptère. 


En d'autres mots, je suis vraiment très heureux de m'être joins à ce projet, parce que c'est vraiment excitant tout ça, et l'équipe est incroyablement sympathique. 


L'équipe de travail avec qui nous travaillions était très sympathique, comme l'entièreté des gens qui bossent sur le projet.
Après à-peu-prêt 20 jours de boulot non-stop (pas une journée de repos), j'ai fini cette saison de fouilles en blitz, puis suis tombé en vacances. Mes première dans le monde Maya depuis un bon moment. J'en ai profité pour faire un mois de voyage à travers plusieurs régions du Guatémala ainsi qu'une semaine au Belize entre potes. Mais n'ai crainte, tout cela te sera narrée dans la langue de Meaulière dès bientôt.




Slasher la forêt avec une grosse machette à 35 degré, ça donne chaud.